Le Blogue d'Igor

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lundi 1 octobre 2007

Patate(s) aux Arceaux et patate(s) au(x) menu(s), 3ème épisode : Prouhèze Saveurs

Slow Food France avait choisi la pomme de terre pour thème de sa 1ère journée nationale le 15 sept. dernier. Les trois douzaines de conviviums de l'hexagone ont proposé toutes sortes d'animations, de présentations et de dégustations ce jour-là.

À Montpellier, nous avions choisi une action en deux volets : une animation le samedi matin au marché des Arceaux (voir le billet précédent) et des recettes mettant en valeur la pomme de terre proposées par des chefs dans près d'une vingtaine d'excellentes tables des villes et des champs dans et autour de Montpellier.

Continuant la tournée des restaurants participant à la journée Slow Food, j'ai décidé quelques ami(e)s à m'accompagner ce lundi midi 17 sept. chez Prouhèze-Saveurs à Montpellier. Le nom de Prouhèze est connu par le Soulier de satin de Paul Claudel dont l'héroïne est doňa Prouhèze. La maison Prouhèze est aussi une table connue d'Aumont-Aubrac en Lozère : Guy Prouhèze avait une étoile au Michelin (1982-1998 et 200-2004). L'affaire a été reprise depuis par Pierre Roudgé qui lui a conservé son étoile cependant que la famille Prouhèze est venue créer le restaurant de Montpellier en reprenant un bistrot à vin de quartier proche du Bowling dans l'avenue de la Pompignane. C'est maintenant le fils de Guy, Pierre-Olivier, cinquième de la dynastie, qui est aux fourneaux et qui opère dans un double registre : fidélité au terroir de Lozère dont on retrouve les produits au fil des saisons et légèreté maîtrisée dans la mise en oeuvre.

Le restaurant est situé dans une villa aménagée : une première salle faisant bistrot à l'entrée puis deux salles aux murs ocres en plâtre ciré, ambiance que certains qualifient de « cosy », abondance d'objets et de tableaux, tables un peu serrées. L'une des deux salles ouvre sur une terrasse où il fait bon être certains midis ou soirs.

La carte est simple à comprendre : entrée à 8 €, plat (viande ou poisson) à 17 €, dessert à 6 € ; toutes les combinaisons de ces éléments sont possibles. La carte des vins est superbe et comporte nombre des bonnes références du Languedoc-Roussillon.

Le plat proposé en entrée pour la journée Slow Food est une pomme de terre farcies aux escargots petits gris, crème de ciboulette et un beurre de persil. L'AOC Coteaux du Languedoc, Plan de l'Om (Joël Foucou), cuvée Feuillage 2005, assez ample et long, aux arômes de fruits un peu confits et de la vivacité manifeste un bon accord avec le plat. Nous poursuivons le repas  qui par une daurade sur un lit de tomates provençales et des girolles poêlés (que l'AOC Coteaux du Languedoc, Mas Montel, cuvée les Marnes, 2005 mettra bien en valeur), qui par un rognon de veau à la cuissson parfaite, qui par une blanquette de boeuf à l'allure de daube. Nous ne prenons pas de dessert pour rester légers en ce début d'après-midi. Service efficace.

Prouhèze Saveurs

728, avenue de la Pompignane
34000 Montpellier
04 67 79 43 34
prouhezesaveurs@wanadoo.fr

Ouvert le midi du lundi au vendredi; le soir du jeudi au samedi.

Crédit photo : Slow Food et remerciements à Alain et Catherine Houssat 

dimanche 30 septembre 2007

Patate(s) aux Arceaux et patate(s) au(x) menu(s), 2ème épisode : Le Jardin aux Sources

Slow Food France avait choisi la pomme de terre pour thème de sa 1ère journée nationale le 15 sept. dernier. Les trois douzaines de conviviums de l'hexagone ont proposé toutes sortes d'animations, de présentations et de dégustations ce jour-là.

À Montpellier, nous avions choisi une action en deux volets : une animation le samedi matin au marché des Arceaux (voir le billet précédent) et des recettes mettant en valeur la pomme de terre proposées par des chefs dans près d'une vingtaine d'excellentes tables des villes et des champs dans et autour de Montpellier.
 

Le Jardin aux Sources à Brissac avait mis à sa carte pour la journée nationale Slow Food une mousse de pomme de terre avec une soupe de framboise au vin pétillant. Brissac est un joli village dans la magnifique vallée de la Buèges, il y fait frais près des sources et sous les grands arbres quand le cagnard cogne partout ailleurs. Isabelle et Jérôme Billod-Morel ont fait de leur restaurant une table accueillante et de bonne réputation. Le temps s'annonçait beau en cette journée du 16 septembre. Autant de raisons d'y réserver une table avec des ami(e)s et de se retrouver une demie douzaine de convives à la terrasse en ce dimanche midi.

Accueil chaleureux de la patronne. Nous choisissons le menu « Esprit régional » à 31 euros. Le premier vin, AOC Coteaux du Languedoc blanc du Mas Brunet, 2006 est bientôt dans le seau à refroidir cependant qu'arrive une mise en bouche (une crème de langouste) dans un petit verre. Le vin (nez d'agrumes et de goyave, bonne nervosité) est bien accordé à l'entrée : intercalé de tomate semi confite et mousse de brandade, tartare cuit aux herbes et pomme grany smith râpée, vinaigrette aux herbes fraîches, un plat frais et savoureux. Les suffrages se partagent entre le cabillaud en briochon garni d'une mousseline fine saveur bonbon sur une tartine provençale à la moutarde et émulsion de cerfeuil et la gigolette de lapin farcie à la nectarine et confite à la cartagène légèrement parfumée au miel de bruyère blanche et lavande.

Changement de vin : le blanc du domaine Henry 2005 légèrement anisé et aux notes de cire, un  peu végétal et avec du gras s'accorde bien avec ce qui nous est servi ainsi qu'avec l'assortiment de fromages affinés (chèvre et brebis dont un bon roquefort). Le dessert, prétexte à notre venue fait son entrée : plaisir des yeux et de la bouche, la mousse de pomme de terre vanillée est surmontée d'une soupe de framboises au vin pétillant et d'une boule de glace, l'assiette comporte aussi une pomme découpée en rafale et des lames de courgettes marinées à la badiane accueillant une salade de fruits. Les photos montrent le repas en raccourci avec ses présentations d'assiettes toujours attreyantes et évoquent les fines saveurs que le chef se plait à assembler.

Promenade sous les grands arbres du bord de l'eau et arrêt dégustation sur la route du retour  de la gamme complète des vins du Mas Brunet au Causse de la Selle.

Le Jardin aux Sources
Isabelle et Jérôme Billod-Morel
30, av. du Parc
34190 Brissac
04 47 73 31 16
isaje@club-internet.fr
fermé D soir, L et Me (hors saison)
site Internet 

Crédit photo : Slow Food et remerciements à Élisabeth Keh

vendredi 28 septembre 2007

Le Périphérique portugais

Rien à voir avec la brouette japonaise, le tourniquet bulgare, le paratonnerre congolais ou la toupie moldave ni aucune de ces positions plus ou moins acrobatiques qui mettent un peu de variété dans de mornes existences.

Il s'agit d'un restaurant de banlieue, très proche banlieue puisque situé à Gentilly dans une voie qui longe le périphérique. Facile de s'y rendre : descendre à la station Gentilly du RER B, côté arrière du train si on vient de Paris, ce qui vous fera sortir dans l'avenue Paul-Vaillant-Couturier, prendre à droite et marcher 250 m environ jusqu'au n° 49.

C'est un restaurant lusitano-cap-verdien, cuisine simple et savoureuse faite par la patronne Mme Lisboa Fortes Do Carmo Maria Sergia, cap-verdienne au yeux clairs et à la peau sombre qui vous reçoit maternellement. Le décor ne paye pas de mine mais on y mange bien et à prix modique. Le menu du midi est à 11 euros pour trois plats (trois choix chacun). Nous y avons excellement mangé le lundi 24 septembre : accras de morue en entrée, tripes portugaises (un mixte de tripes et de cassoulet) ou colombo de poulet comme plat, en dessert un vermicelle au lait onctueux saupoudré de cannelle ou un flan portugais aérien. Une carafe de vinho verde légérement pétillant complète le voyage.

On peut s'y rendre aussi par le tram PC1 : descendre à la station  porte de Gentilly, prendre l'av. Pierre de Coubertin et longer le stade Charléty, passer sous le périphérique, arriver à Gentilly place Mazagram, laisser le bâtiment de l'Ipsos à gauche et tourner vers la droite dans l'av. Paul-Vaillant-Couturier, le restaurant est à une centaine de mètres. On peut aussi y venir par les bus n° 21, 57, 67, 125, 216 et par Orlybus.

Le Périphérique portugais
49, av Paul-Vaillant-Couturier
94250 Gentilly
01 45 46 20 10 fermé le dimanche

jeudi 27 septembre 2007

Terrassé de plaisir

C'est ce que l'on ressent quand, par une chaude ou simplement tiède journée de printemps ou de début ou de fin d'été, on se retrouve à midi à l'ombre des platanes et de parasols judicieusement disposés assis à la terrasse de la Réserve Rimbaud. Vue sur la belle eau glauque du Lez, frisson des feuilles qu'une brise légère agite, pas une maison ou un bâtiment en vue car deux coudes opportuns du fleuve (eh oui ! le Lez est un fleuve) masquent l'environnement urbain derrière un rideau de grands arbres serrés.

Je vous avais déjà parlé dans mon billet du 21 mars dernier de la Réserve où j'étais allé dîner un soir : cadre rénové et épuré, élégance sobre, cuisine bien conçue, savoureuse sans lourdeur, carte des vins simple et claire. Ces qualités voulues par Charles Fontès se confirment au menu de midi (27 euros) qui consiste en trois plats (entrée, plat, dessert) avec trois choix pour chacun. Ce menu change tous les mois et demi environ et on ne risque pas la routine en revenant, ce que j'ai fait à trois reprises depuis le début de l'été. Je ne vais pas vous détailler les plats choisi par les uns et les autres à chacun de ces déjeuners.

Me reviennent en mémoire mes choix du 4 juillet :
- en entrée, un blanc de seiche à la plancha accompagné d'un avocat en dés au jus de persil
- suivi en plat principal d'un rognon de veau parfaitement grillé (et rosé à cœur) sur un lit de roquette avec des pommes de terre écrasées,
soient deux plats classiques parfaitement maîtisés et bien accompagnés par le VdP de l'Hérault blanc 2004 du domaine des Conquêtes (Ellner à Aniane) ou le chardonnay, le chenin, le grenache blanc et le vermentino concourent à un joli équilibre entre vivacité et rondeur.

Plus récemment, à l'occasion de la journée nationale Slow Food du 15 septembre sur le thème de la pomme de terre (voir le billet « Patate(s) au(x) menu(s), Charles Fontès avait conçu un pré-dessert sous la forme d'une crêpe de pomme de terre avec une glace au caramel salé que j'ai eu envie d'aller goûter. J'ai entraîné quelques amis et nous étions six à table sur la terrasse ce mercredi 19 septembre pour le déjeuner. L'anchoïade aux mini légumes permet de patienter en examinant les cartes et fait office d'apéritif avec l'AOC Coteaux du Languedoc blanc 2005 du domaine Saint-Martin de la Garrigue (Jean-Claude Zabalia, Montagnac) que nous apprécions pour sa fraîcheur et ses arômes fins de fruits blancs et une touche d'agrumes (terret bourret majoritaire, grenache blanc et un peu de roussanne).

Pour l'entrée, nos suffrages se répartissent entre la soupe glacée à la tomate avec des lamelles de lomo et du fenouil en fine tranches avec vinaigrette d'agrumes ou la simple mais très jolie salade façon niçoise, sans concombre, (photo) ou le suprême de volaille émincé aux pignons de pin grillés et une compotée d'aubergine marinée aux herbes et un peu de roquette.



Choix répartis aussi pour le plat :
- un dos de cabillaud doré sur un lit de haricots cuisinés en macaronade teintée de tomate et deux petits poivrons verts grillés (photo)
un pavé de thon à la plancha bien saisi sur chaque face et rosé à l'intérieur avec une pissaladière et un peu de roquette
une bavette poêlée avec échalotes confites et pommes grenailles croustillantes, impeccable de cuisson et de présentation.
Le VdP des Coteaux du Libron, pinot noir 2005 du domaine de la Colombette faisant parfaitement l'affaire à ce stade du repas.
Arriva ensuite le pré-dessert, prétexte à notre venue, fait d'une galette de pommes de terre paillasse avec une glace au caramel salé et une tuile au poivre (photo) faisant une belle transition vers les desserts :
- mousse (aérienne) de fromage blanc aux fruits rouges
pain perdu, pomme caramélisée et glace à l'amande légèrement amère.

Ne voyant pas de vin de dessert proposé à la carte, je m'en ouvris au serveur. Peu après, nous eûmes la surprise voir venir Charles Fontès qui ouvrit pour nous une bouteille de Vintage blanc 2004 du Mas Amiel (grenache gris) et nous offrit ainsi un vin qui confine au sublime : doré, nez minéral, un peu pétrolant, bouche d'une finesse remarquable, équilibre du sucre et de l'acidité, saveurs safranées. Un excellent café servi avec un cannelé (ou canelet) nous permis de retoucher terre. Donc terrassé de plaisir à la Réserve Rimbaud : cuisine sophistiquée sous sa simplicité apparente, justesse des saveurs, précision des cuissons et agrément des présentations. S'il fallait mettre un petit bémol à cet air de louange, je le ferai en ce qui concerne certaines imprécisions du service ou de certaines rugosités dans le contact qui se remarquent dans un restaurant qui, à mon sens, est en marche vers une étoile. 

Je remercie Alain et Catherine Houssat pour les photos

La Réserve Rimbaud
820, av. de Saint-Maur
34000 Montpellier
04 67 72 52 53   contact@reserve-rimbaud.com
fermé S midi, D soir et L tlj
site Internet

mardi 18 septembre 2007

au long de la 7, 3ème jalon

Ayant à faire à Beaune pour l'université d'été de Slow Food en cette fin août, j'en ai profité pour faire quelques haltes gourmandes en chemin et sur place. Impressions.
 
Il a bien fallu quitter Beaune. Ce fut donc un lundi matin de beau soleil, direction Valence où j'avais retenu une table pour deux au 7 (de Pic). Le 7 est le bistrot de la Maison Pic dirigée maintenant par Anne-Sophie Pic. 

En matière de haute cuisine et de gastronomie, en plus du talent culinaire il faut aussi avoir la capacité de déployer une mise en scène (de l'espace où l'on mange d'abord et de la présentation des plats ensuite) ainsi que celle de dérouler un récit, le tout formant une dramaturgie. Ces capacités, Anne-Sophie Pic, de la dynastie des Pic de Valence, les possède indéniablement. Un petit tour sur son site Internet suffira pour s'en convaincre et pour avoir l'eau à la bouche. La Maison Pic est bien relancée par le couple qu'elle forme avec son mari David Sinapian, la troisième étoile obtenue récemment en témoigne. En quelques clics on se promène dans l'arbre généalogique de la famille depuis la fondatrice, son arrière-grand'mère Sophie, puis on redescend en passant par le grand'père, André, et par le père, Jacques, qui avaient établi la réputation de ce qui s'appellait l'Auberge du Pin et on a un aperçu du futur avec le fils d'Anne-Sophie et de David, né récemment.

Tout bon récit est un récit initiatique avec mise à l'épreuve et mise en danger. Anne-Sophie nous le concocte comme il se doit : détour par des études de gestion et expérience à l'étranger, retour à sa vocation (la cuisine), drame familial avec le décès du père qui s'apprêtait à la former, difficultés à s'imposer en cuisine dans sa propre maison faute d'expérience indiscutable, prise en main de la maison sur laquelle elle impose son style et reconnaissance de ses talents de cuisinière. J'abrège. La Maison Pic a proprement parler est le restaurant gastronomique (plus un hôtel) et le 7 est donc le bistrot où une cuisine et un service plus décontractés sont de mise.

Le lieu file la métaphore de la Nationale 7 qui passait devant sa porte, d'où son nom, avec ses éléments de signalisation et de décoration ainsi que son menu imprimé sur une carte pliée façon carte routière. Le temps de passer par la salle au décor en clin d'oeil au baroque  avec ses tables en plastique gris façon ardoise au piètement en acier brossé, ses chaises en plexyglas rouge, ses lustres Napoléon III en pâte de verre noire, ses verres rouges, sa vaisselle blanche et nous arrivons dans le patio ombragé par de vieux tilleuls où nous attendait une table de bistrot avec un bouton sur le bord pour suspendre sa serviette.

Brève étude la carte. La formule "sur le pouce" de plat unique changeant chaque jour midi de semaine avec un verre de vin (ou une eau minérale) à 17 euros peut satisfaire un voyageur pressé mais nous sommes tentés plutôt par la formule "pleine de sens" à 30 euros avec 2 choix à chaque étape  : entrée, plat et desssert. Nous passons commande.

En attendant l'arrivée de l'entrée, petit coup d'oeil sur la carte pour voir de quoi il retourne : la maison joue la fraîcheur dans un style méditerranéen, une simplicité revisitée par la vivacité. Les entrées ("départ") sont à 10/12 euros, le plat ("pour suivre") sont à 20/25 euros et les desserts "arrivée en douceurs") à 7 euros. Carte des vins centrée sur la vallée du Rhône aussi bien en blancs qu'en rouges (une vingtaine de références dans les deux cas dont quelques 1/2 bouteilles ou 50 cl) complétée par une dizaine de blancs et une douzaine de rouges d'autres origines. Une petite offre de vins en carafe (50 cl) ou au verre (17 cl) à prix raisonnable permet au petit buveur de survivre, pas de blanc cependant ce jour-là.

Nous choisissons un Saint-Joseph rouge 2004 de la cave de Saint-Désirat (frais, sur le fruit). Les verres sont du modèle tradition de chez Mikasa, couverts d'une bonne densité de la même origine. L'entrée arrive : un tajine de volaille aux épices en entrée servie en bocal, le couvercle recevant une petite salade de mesclun. C'est frais et doucement épicé : on y trouve le blanc de volaille en petits cubes en gelée et des légumes croquants en très petits dés (courgettes, carottes, écorces de citron confit, mini pois chiches....) avec des raisins secs, un peu de houmos et de cumin en poudre. Excellent pain sous forme d'une petite baguette farinée servie dans son fourreau de papier, comme si on était allé l'acheter soi-même chez Xavier Honorin, le boulanger, fournisseur de la maison.

Longue attente pour le plat qui finit par arriver alors que le soleil vient tangenter notre table : tendron de veau à la cuisson réussie, jus à l'anchois avec une purée de haricots coco (excellente mais en quantité vraiment faible).

Alors que nous réclamons une carafe d'eau pour la troisième fois, le soleil s'invite vraiment à table. En attendant le dessert nous migrons vers une table à l'ombre. Attente longue derechef et nous allons vers une troisième table pour savourer le dessert (un abricot poché avec une crème légère au chocolat jivara et un sorbet à l'abricot) et prendre un excellent café, concentré et aromatique. 

Au total un lieu agréable, décor plaisant, vaisselle de bonne qualité, cuisine montrant une bonne maîtrise des saveurs et des présentations à un prix acceptable. Des négligences dans le service (demandes réitérée pour la carafe d'eau et longue attente entre les plats) ; ne pas hésiter donc à héler les serveurs si cela se produit quand vous vous arrêterez au 7 (de Pic).

7 par Anne-Sophie Pic
285, av. Victor-Hugo (anc. rte natle 7)
26000 Valence
04 75 44 53 86
www.pic-valence.com   

jeudi 30 août 2007

au long de la 7, 2ème jalon

Ayant à faire à Beaune pour l'université d'été de Slow Food en cette fin août, j'en ai profité pour faire quelques haltes gourmandes en chemin et sur place. Impressions.

l'Auberge du Cheval noir : 

On est à Beaune, on y reste. Le choix de restaurants en ville même ou aux alentours est très large, il y en beaucoup de bons, d'assez nombreux très bons et quelques uns d'excellents. Au second jour de l'université, le dimanche 26 août à midi, il était proposé de déjeuner en groupe à l'Auberge du Cheval noir (ne pas confondre avec le Cheval blanc) situé sur le boul. Saint-Jacques tout près de l'Espace Marie de Bourgogne où se déroulaient nos travaux (pour avoir un aperçu de l'UE 2007 avec de belles images, allez dans le site de Slow Food France puis à la rubrique Actualités et enfin cliquez sur Université d'été 07, les images).

Nous y fûmes donc en groupe, répartis par tables de 4 ou de 6 qui en terrasse (voir l'auteur de ces lignes en photo), qui à l'intérieur (chaudes boiserie miel et pain d'épices). Service efficace et diligent, menu unique à 4 plats, vin rouge pour tous (un Haute Côte de Beaune 2005 de Francis Lechauve à Meloisey, simple, fruité, un peu acide), café compris pour 28,80 €. Une table à revoir dans un cadre individuel compte tenu de la qualité d'élégance et de légèreté des mets servis (un joli feuilleté aux escargots et champignons suivi d'un suprême de pintade en pot au feu avec ses légumes, complété par un petit assortiment de trois fromages représentatifs de la Bourgogne et par une tarte aux pommes d'une belle finesse). Seul bémol, un café plutôt médiocre (ah! le robusta). Pas de site Internet pour en savoir plus.

Auberge du Cheval noir
17, bd Saint-Jacques 21200 BEAUNE
03 80 22 07 37 fermé mardi soir et mercredi

Restaurant japonais bissoh :


Me retrouvant seul le dimanche soir après la fin de l'université et la dispersion des participants, n'ayant qu'une petite faim, mon choix se porta sur l'un des restaurants japonais (il y en a plusieurs à Beaune et autour) indiqués par l'ami J.-L. C., qui m'avait aussi signalé l'Écusson. Ce fut donc le Bissoh, dans le même quartier Saint-Jacques.
 
Un long mur de pierre aveugle, un petit hall d'entrée, quelques marches et on arrive dans une salle à haut plafond poutré, tours de fenêtres irréguliers en pierres non enduites, façon ferme bretonne, encore du rustique, un four (?) au fond à droite de la salle. Table, chaises, grand comptoir servant de plaque chauffante et quelques accessoires japonais par-ci, par-là (un kimono au mur, des éventails...). J'apprendrais plus tard que le lieu était jusqu'il y a trois ans une pizzeria que Mikihiko et Sachiko Sawahata, le chef et notre hôtesse tous deux passionnés par le vin et les accords avec la cuisine, ont repris pour en faire ce restaurant ouvert depuis le 30 sept. 2004 ; d'où la présence de ce four et le nom du restaurant Bissoh composé des deux idéogrammes Bis (respect) et Soh (four). Il y a aussi une terrasse à l'extérieur aménagée en jardin japonais.

Plusieurs menus autour de 30 €, soit autour des sushis, soit autour des sashimis, soit autour des brochettes, soit mixtes. Je choisis le menu sashimi qui comporte un amuse-bouche, une entrée du jour, un plat de sashimis avec un bol de riz et un dessert. Ma commande prise, je me consacre à l'étude de la large carte des vins aux vastes choix (300 références environ dont par exemple en blancs : 70 bourgogne, 40 loire, 20 alsace, 10 jura et 6 vallée du Rhône). Les longues listes sont collées sur du papier fibreux. J'hésite entre un Rully 1er cru Grésigny de chez Henri et Paul Jacqueson et un Arbois Pupillin 2004 de chez Emmanuel Houillon. Je choisis le second car j'apprécie les arômes de fruits secs et de noix du savagnin avec les cuisines asiatiques, mais je serai déçu sur ce point car le flacon qui m'échoie ne manifestera à aucun moment, même aidé par le verre Riedel, d'arômes bien précis sauf une petite tendance rustique, un peu étable (serait-ce une marque de brett ?).

L'amuse-bouche arrive, disposé dans un joli plateau en terre cuite à trois compartiments, une soupe de soja verte dans un petit gobelet et deux bouchées l'une de terrine de saumon en forme de cube et l'autre d'émincé de canard mijoté avec sa gelée. L'entrée du jour était à choisir entre 4 propositions, je choisis la soupe aux champignons. Elle m'est servie dans une mignonne petite soupière posée dans une coupelle. Comme souvent dans les restaurants japonais, on a l'impression de jouer à la dînette. Les champignons (girolles et trompettes de la mort) sont un peu élastiques, le bouillon brun est parfumé.

Suivent les sashimis, posés sur un plateau rectangulaire en bois, bel assortiment de poissons crus d'une fraîcheur irréprochable : maquereau, bar, daurade, poulpe, thon cru et mi-cuit, saumon cru et mi-cuit, crevette, sardine avec un peu de ciboulette, œufs de saumon ; le tableau est complété par un peu d'algues wakamé, une feuille de shiso (au goût d'armoise), un noix de wasabi (le raifort japonais), la sauce de soja et un bol de riz.

Parmi les 5 desserts, j'ai choisi le flan au sésame noir nappé de sauce au thé vert en gelée qui me laisse bien l'impression de fraîcheur que j'attendais.

Un restaurant où revenir avec des amis pour mieux explorer la carte des vins et se reposer des cuisines plus roboratives. Le convive venu seul sera un peu déçu par le peu de références en demi bouteilles et la quasi absence de vins au verre. Mais emporter la bouteille restante n'est pas un problème, un sac est aimablement proposé. Accueil affable et attentif, service au bon rythme. Le site Internet est difficile à consulter car il faut un logiciel particulier pour obtenir un affichage correct.

Bissoh 1a, rue du Fbg Saint-Jacques
21200 BEAUNE
03 80 24 99 50
fermé mardi et mercredi, en février et début juin

mercredi 29 août 2007

au long de la 7, 1er jalon

Ayant à faire à Beaune pour l'université d'été de Slow Food en cette fin août, j'en ai profité pour faire quelques haltes gourmandes en chemin et sur place. Impressions.
 
L'Écusson à Beaune dans le quartier du Faubourg de la Madeleine.

Nous sommes cinq, Patricia Senelet nous accueille avec amabilité. En ce vendredi soir à l'air tiède nous résistons à l'attrait de la terrasse et restons à l'intérieur. Décor de style rustique embourgoisé.
Le menu Cap sur la cuisine évolutive à 26 € pour trois plats avec deux choix à chaque étape (plus un amuse bouche) ou à 29 € avec un petit assortiment de fromages permet de se faire une idée la cuisine de Jean-Pierre Senelet sans se sentir lourd au sortir de table.

Un amuse bouche servi en verre ouvre le bal : flan de légumes (carottes, courgettes) avec un coulis de tomates au cumin. Un bourgogne blanc 2004 de chez Tollot-Beaut (à Chorey-lès-Beaune) servi dans un verre tulipe accompagnera fort bien le début de notre repas. Pour ma part je choisis un subtil milk-shake tiède de petits pois à la menthe acompagné d'une tartine aux rondelles de morteau caramélisée au soja. Pour la suite nous choisissons comme rouge un Auxey-Duresses de Jean et Gilles Lafouge 2004 (visité l'an dernier avec Épicuvin) qui conviendra fort bien avec cette galette de poulet fermier traité en rillette pannée à la chapelure de pain d'épices posée sur une purée de pommes de terres amandines écrasées au piston et accompagnée d'une préparation à la moutarde à l'estragon de chez Fallot. Pour finir, je me suis laissé tenter par un très joli dessert composé d'une verrine contenant un fond de biscuit aérien surmonté d'une gelée de raisin et d'un rafraichissant sorbet de cassis et chardonnay servi dans une louche tordue. Pour celles ou ceux qui auraient encore un petit creux des mignardises (pâte de fruit, pâte d'amande, tuile au sésame, loukoum, crème au chocolat.... ) furent déposées sur notre table.

Cuisine savoureuse aux accents de terroir dans un style régional inventif et bien maîtrisé donnant envie de revenir pour goûter les inventions récentes ou plus anciennes du chef (par ex les escargots en os à moëlle). Belles présentations des plats sans extravagance inutile. Service aimable et diligent.Toilettes bien tenues. Nappes et serviettes en tissu. Verres Schott. Site Internet très bien présenté méritant la visite avec la carte des vins détaillée.

L'Écusson
(Patricia et Jean-Pierre Senelet)
place Malmedy et 2, rue lieutenant Dupuis (quartier du fbg Madeleine)
21200 BEAUNE
03 80 24 03 82
site Internet http://www.ecusson.fr/
fermé Me et Di

samedi 21 avril 2007

Arles au rendez-vous

Les Arlésiennes ont la réputation de ne pas être là où on les attend. Mais ce jour-là, en cette fin mars, le soleil, un vent léger, un restaurant agréable, un musée tranquille et une belle exposition étaient au rendez-vous.
Le musée Réattu est accueillant, c'est un beau bâtiment de style médiéval adouci de Renaissance, son fonds permanent tourne autour des œuvres de Jacques Réattu (G.P. de Rome en 1791, en pleine vogue de l'Antique). Comme tous les peintres de cette époque, il a d'abord été formé au dessin et c'est ce que nous avons préféré, même si les huiles sont bien composées mais n'ont pas cette belle lumière qu'il sait accrocher dans ses œuvres sur papier. Le musée possède un bel ensemble d'œuvres de Picasso qui en a fait don à la ville où il venait pour les corridas et un fonds de photos important que nous n'avons pas pu voir car les murs étaient occupés par une exposition temporaire des travaux d'un contemporain, Albert Ayme, où nous avons particulièrement remarqué les effets intéressants obtenus par découpage au scalpel de couches superposées de feuilles de papier carton : effets d'entrelacs et de courbes de niveau, une énorme activité tout au long de l'année 1962 lorsqu'il a mis au point cette technique qu'il a baptisée « reliefs soustractifs ». Vu aussi sa « Triple suite en jaune à la gloire de Vincent Van Gogh », géométries rigoureuses de bandes colorées aux nuances presque imperceptibles.
L'éditeur Actes Sud possède tout un pâté de maison au bord du Rhône qui en fait un vrai centre culturel privé : une grande librairie, un lieu de concert et d'exposition (la chapelle du Méjan), un cinéma et un restaurant (l'Entrevue). Après sa belle exposition au musée Fleury à Lodève en février de cette année, André-Pierre Arnal persiste et signe. La chapelle du Méjan convient parfaitement à ses grands formats aux chatoiements chromatiques complexes regroupés sous le titre de « Frontières » qui fait allusion, peut-être, à sa manière de traiter (retraiter) les cartes routières ou d'état-major et d'en obtenir des pays imaginaires aux limites perturbées et à la géologie apparente. Vous aviez jusqu'au 15 avril pour vous immerger dans ce bain vibrant de couleurs (entrée libre).
Dans le domaine artistique, je veux aussi vous parler de l'Atelier de Jean-Luc Rabanel. Soit une rue piétonne près de l'hôtel de ville, soit une salle rectangulaire pouvant accueillir une trentaine de convives : murs blancs, banquettes et tables noires, plinthes hautes et champs des murs bas de séparation des espaces d'un rouge entre corail et sang. On peut aussi manger à la terrasse. Le choix est entre le menu Création (37 euros) et le menu Émotion (55 euros), vous ne pourrez pas les détailler par écrit car c'est selon le marché et l'inspiration du chef. Dans le premier une dizaine de petites préparations savoureuses, dans le second une quinzaine de préparations. Commence alors un ballet bien réglé et au rythme soutenu animé par Guillaume et Christelle.
L'énumération complète de ce qui nous fût servi dépasse le cadre de ce billet et serait un peu vaine puisque vous ne trouverez pas les mêmes plats une autre fois.

À titre d'exemples comme entrées : une sardine fraîche sur un sablé au parmesan accompagné d'un lait glacé à la cacahuète et de sauce escabèche ; asperges blanches placées verticalement dans une verrine ovale avec une émulsion de bouillon de légumes à la pistache et gelée d'orange maltaise ; une raviole soufflée avec tomate confite et oignon doux, bouillon de graine sauvages et copeaux de parmesan dans un petit bol en porcelaine. Pour plat central : du saumon sauvage à la plancha avec une garniture de petits légumes ou une petite côtelette d'agneau avec topinambours, poireaux, fèves au jus de réglisse et ail confit. En desserts : sur une purée de patate douce, une mousse de noix de coco avec une tuile de chocolat ou une gelée de framboises cuites aux épices au fond d'une verrine surmontée d'un lait glacé au thym, citron et basilic ou encore une tartelette déstructurée avec la pâte à tarte au fond d'un verre surmontée de gelée de citron recouverte d'une mousse à l'orange. En bref, des présentations inattendues et raffinées, des saveurs et des textures complexes d'une parfaite justesse de goûts, de cuissons et d'arômes. Bravo l'artiste. La carte des vins est assez simple, issus pour la plupart de domaines travaillant en bio. Nous avions penché pour un Gigondas 2002 du domaine Montirius qui s'est bien adapté à la plupart des préparations qui nous furent servies (on peut opter pour une formule où les vins seront servis au verre selon le choix du sommelier, mais nous n'avons pas discuté des conditions). Avec les desserts, un verre de Rivesaltes ambré 2005 du château de Rey (Canet en Roussillon) a été le bienvenu.
L'atelier de Jean-Luc Rabanel
7, rue des Carmes
13200 ARLES
04 90 91 07 69
fermé lundi et mardi
site Internet assez décoiffant

samedi 7 avril 2007

Tout en bleu

Mon premier est bleu
Mon second est bleu
Mon tout est bleu

Mon tout c'est le domaine de la Pierre bleue, sur lequel se trouve mon premier, l'hôtel-résidence de l'Étoile bleue, et mon second, le restaurant de l'Orange bleue. C'est à Castries sur le chemin de la Pierre bleue. Lorsque les premiers clichés de la Terre vue de l'espace ont été publiés, on s'était extasié de la justesse de l'intuition du poète Paul Éluard qui avait écrit « la Terre est bleue comme une orange »une bonne trentaine d'années avant. Et doublement juste car on sait que si on regarde un objet bleu assez longtemps et que l'on ferme les yeux, on voit alors apparaître un objet de la même forme mais de couleur orange, complémentaire de celle de l'objet. Je parlerai du restaurant, l'Orange bleue, donc.
Le lieu est sympathique. Soit un ancien bâtiment agricole avec une charpente apparente et une grande hauteur sous plafond, rénové et blanchi, de la place entre les tables, celles-ci en bois massif et épais avec de lourdes chaises en corde sur armature métallique et une profusion d'objets en bois ou en métal et tissu qui font penser à un dépôt de Pier Import (ou du Comptoir colonial) dans un mixte d'Inde et d'Afrique avec une dominante de teintes rouges, oranges et marrons. J'y suis allé deux fois avec des amis à peu d'intervalle en fin d'été 2006 alors que c'était Anthony Gerbeau qui était en cuisine (jeune talent 2006 pour le Gault et Millau et espoir de la cuisine française pour le Bottin Gourmand) ; nous avions été tentés par le menu « découverte des sens » à 29 euros dans sa version carte d'été qui proposait un choix de 3 entrées, 3 plats et 2 desserts. Voici mes impressions du moment.
À notre seconde visite nous avions choisi pour les uns un foie gras de canard poêlé en superposition d'ananas et d'orange avec une pulpe de mangue en émulsion au gingembre et pour les autres un gazpacho d'asperges vertes avec mangue et écrevisses légèrement pimentée. Pour le plat principal les suffrages se sont répartis entre un carré d'agneau en croûte de tapenade avec un jus réduit à l'olive noire et son émulsion de céleri et un filet de canette aux brisures de dragées avec une émulsion de crème de radis. En dessert, la verrine de pistache aux éclats de nougatine, chocolat en mousse légère et framboise déstructurée est plus élaborée que la soupe de fraises au vin rouge avec sorbet au basilic et croustillant au pavot. Nous avions remarqué la présentation des plats plutôt exubérante par un chef adepte des verrines de toutes formes et tailles pour des émulsions, crèmes et veloutés de toutes sortes posées sur des plats zébrés de traces de coulis ou de fonds de sauce et saupoudrés d'épices colorées. En bref, avions nous pensé, un restaurant qui est sur la bonne voie dans un espace généreux, avec un chef prometteur dont on espère qu'il se posera ici quelques temps ; sans perdre cette inspiration foisonnante, on lui souhaite de canaliser son énergie pour aller vers plus de précision et de rigueur. Une autre fois, nous irons peut-être tâter du menu « saveurs et textures » à 39 euros, voire du menu « dégustation dans la garrigue » à 55 euros.
Nous n'avons pas eu le temps de concrétiser cette idée avant le départ d'Anthony Gerbeau que nous avons découvert en allant à l'Orange bleue un midi avec un copain en ce début avril. C'est le jeune chef Yohann Sagot, ancien de chez Lenôtre, qui le remplace depuis décembre. Le cadre est le même, la carte et les menus ont été simplifiés. Nous avons déjeuné simplement en choisissant le menu du midi à 18 euros : salade dite paysanne un peu simple, blancs de seiche au curry à la plancha savoureux avec un riz en timbale, fondant au chocolat bien moëlleux. La carte des vins est restée la même : des vins du Languedoc-Roussillon pour l'essentiel où, si on connaît bien les vins de la région, on peut trouver quelques jolies cuvées, mais ne pas compter pour cela sur les conseils de la jeune serveuse par ailleurs fort aimable (accorte). Donc un restaurant toujours agréable par son cadre et à revoir en soirée dans un menu plus représentatif des talents du chef.

L'Orange bleue
Domaine de la Pierre bleue - Chemin de la Pierre bleue
34160 Castries
04 67 10 82 51

mercredi 21 mars 2007

Rimbaud, sans réserve

La Réserve Rimbaud était une vénérable institution (dont mon ami Bernard C. peut vous raconter l'histoire depuis plus d'un siècle et vous dire d'où vient ce nom assez particulier) où les vieilles souches montpelliéraines ont eu une occasion de venir en ces lieux bucoliques qui pour un mariage, qui pour un baptême, qui pour des fiançailles. Cette ancienne guinguette était encore récemment tenue par Jean Tarrit et son épouse Catherine et perpétuait la ligne culinaire apprise chez les Troisgros faite de tradition avec quelques touches modernes (encornets farcis, gigot de la mer, filet de sandre ....) en accord avec le style Louis XV et quelque peu baroquisant des salons.
Depuis peu une rumeur courait, la Réserve change de main, elle est fermée, elle est en rénovation, elle va rouvrir, c'est un jeune chef qui passe aux commandes. Il fallait y aller voir. J'y suis donc allé avec des amis un soir de mi-mars. Bonne nouvelle, l'établissement est totalement non fumeur. À l'intérieur, c'est le blanc qui domine un décor épuré mais pas froid. Tables aux nappes gris-beige, fauteuils en tressé de rotin synthétique, grandes photos rappellant la Réserve au temps des canotiers. L'orangé des cartes et listes met une touche de couleur plus vive. Accueil affable. Les assiettes blanches et les verres sont de chez Mikasa.
Pendant que nous choisissons nos plats dans le menu à 45 euros (un menu à 27 euros est servi le midi en semaine), le chef, Charles Fontes, moins de trente ans, passé chez Alain Dutournier (le Carré des Feuillants), vient nous conseiller pour les vins bien choisis qui proviennent essentiellement de la région. Ceux-ci sont classés par tranche de prix ce qui facilite le choix : à 15 euros (7 références en VdP et AOC du Languedoc), à 20 euros (9 références du Languedoc dont 4 blancs, un rosé et 4 rouges), à 25 euros (8 références du Languedoc), 30 euros (10 références du Languedoc Roussillon), 40 euros (8 références du Languedoc-Roussillon) et une douzaine et demi de vins « d'exception » (une douzaine du Languedoc-Roussillon dont un rouge 1996 de la Grange des Pères ou la Muntada 2004 du domaine Gauby ; une demi-douzaine de vins hors-région dont le pomerol 1985 du château La Conseillante). Des vins au verre à 4 euros pour les rouges et 3 euros pour les blancs sont proposés. Nous avons choisi l'AOC Corbières blanc du domaine du Grand Crès, 2005 (Pascaline et Henri Lefferrer, 11200 Ferrals) : citronné avec un léger fenouil, frais et élégant.
Parmi les cinq entrées, nos choix se portent sur les escalopes de foie gras poêlées, navets confits, concassé de dattes pour les uns et sur le risotto de champignons, escargots petits gris étuvés au jus vert pour les autres : réalisation impeccable et saveurs précises. Parmi les cinq plats proposés, nous faisons suivre par les joues de lotte poêlées, artichauts violets, jus d'une bourride ou bien par le suprême de volaille poché aux truffes, légumes du pot en soupière feuilletée ou encore par l 'épaule d'agneau de l'Aveyron confite, cannellonis d'aubergines, jus à l'olive: belles présentations et cuissons exactes. Nous finissons en faisant nos choix parmi les cinq desserts : la mousse au citron, nage d'agrumes à la fleur d'oranger ou sablé et mousse cacao, nougatine, crème anglaise et poivre doux ou encore les profiteroles. Il est possible d'avoir au verre des vins pour le dessert bien que cela ne figure pas explicitement sur la carte. Les petits pains ronds sont appétissants.
La Réserve est donc repartie, à plus de 170 ans, pour de nouvelles aventures gourmandes, dans un cadre élégant, avec un jeune chef qui devrait en faire une des tables de référence de Montpellier et qui devrait sans doute décrocher une étoile s'il poursuit dans le sens où il s'est engagé. Bientôt, à la belle saison, on retrouvera le plaisir de déjeuner ou de dîner sur la terrasse au-dessous du Lez avec des raisons renouvelées puisque Charles Fontes prévoit de faire évoluer sa carte chaque mois et demi environ.

La Réserve Rimbaud
820, av. de Saint-Maur
34000 MONTPELLIER
04 67 72 52 53 et contact@reserve-rimbaud.com
fermé S midi, D soir, L tlj site internet

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